• Piazzolla et la question du style

     

    ...Lorsque les « tangueros » orthodoxes, dans les années 1950 et 1960, affirmèrent que ce qu'il faisait « n'était pas du tango », Piazzolla répondit en formulant une définition nouvelle : « C'est la musique populaire et contemporaine de la ville de Buenos Aires » c'est-à-dire… du Tango. Mais un Tango nouveau et libéré. Piazzolla est le précurseur et principal représentant du tango d'avant-garde. La personnalité de Piazzolla, irrévérencieuse, passionnée jusqu'à l'intolérance, comportait sans aucun doute ces deux éléments, qu'il a parfois mêlés dans certains morceaux.

    En 1954, il peut enfin réaliser son rêve : il reçoit le premier prix de composition Fabien-Sevitzky et obtient une bourse pour aller étudier à Paris avec Nadia Boulanger4 qui lui enseigne l'art du quatuor à cordes. Cette grande pédagogue, directrice du Conservatoire américain de Fontainebleau, a permis à toute une génération de compositeurs de s'affirmer sur la scène internationale : Quincy JonesLalo SchifrinAaron CoplandLeonard BernsteinPhilip Glass et Astor Piazzolla. Ce dernier, lorsqu'il arrive à Paris, maîtrise déjà l'écriture néo-classique grâce à Alberto Ginastera. Mais il lui manque l'essentiel : la personnalité et la révélation. Piazzolla est un tanguero génial, mais frustré. Il veut être BartókStravinsky, pas Troilo ou Julio De Caro. À la fin de son année d'études, au Conservatoire américain de Fontainebleau, Nadia Boulanger critique le manque de personnalité de ses compositions et lui demande ce qu'il faisait avant de venir chez elle. Piazzolla lui révèle qu'il était bandonéoniste et qu'il a écrit des tangos. Elle lui demande de jouer une de ses compositions. Il joue Triunfal. Elle s'emploie alors à mettre en lumière chez lui un concept très à la mode à cette époque comme en d'autres : utiliser les musiques populaires comme un inépuisable vivier d'idées, tout en l'enrichissant d'un langage évolué et contemporain.

    Les paroles de Nadia Boulanger bouleversent tellement Astor Piazzolla qu'il se met à travailler comme un possédé. Piazzolla commence à appliquer à la lettre ce concept en 1955 avec l'enregistrement des sessions parisiennes avec les cordes de l'Opéra de ParisMartial Solal et Lalo Schifrin au piano et lui-même au bandonéon. Il gravera environ 16 morceaux, pour la plupart écrits par lui (Chau ParisSens UniquePicassoMarron y Azul etc.).

     

    Un blog pour la chronologie discographique de Piazzolla

    http://www.bibletango.com/tangopersonnages/perso_disco/persodisco_p/piazzolla_astor_disco/piazz_disco_chrono/piazz_chrono_6.htm

    Oblivion, Piazzolla, Milan Rehak accordéon 2017

    Oblivion Piazzolla, Orchestre de Heilbronn, 2011

     

    Oblivion, Pazziolla, Ensemble Appassionato 2018