• Berlioz, Harold en Italie 1834

    Harold en Italie est une symphonie concertante pour alto crée en 1834 à Paris. 

    Contexte de création 

    1830 : Berlioz fait jouer sa Symphonie Fantastique qui est une vraie gageure, par les tensions musicales qui se dégagent, le programme distribué à l'entrée qui résume une histoire d'amour impossible et l'ampleur de l'orchestre utilisé. 

    1833 : Admiratif de sa Symphonie Fantastique, le violoniste virtuose Paganini demande à Berlioz de lui composer un concerto pour un alto stradivarius récemment acquis.

    Berlioz va volontairement opter pour une oeuvre qui met l'orchestre en avant en laissant de côté les démonstrations techniques et virtuoses dont rêvait Paganini.

    Encore empli des souvenirs sensoriels de ses marches dans les Abruzzes italiennes quand il a été promu membre de la Villa Médicis à Rome, Berlioz va composer 4 mouvements en s'inspirant du personnage de héros romantique dépeint par le poète anglais Byron : Child Harold, dans le livre Child Harold Pilgrame qui date de 1812.

    Dès le 1er mouvement -intitulé "Harold aux montagnes"- on entre par les sensations auditives dans un paysage italien plutôt abrupt et sombre puisque c'est la fin de journée : Instruments graves qui marchent sur des lignes assez complexes en entrées successives dans une tonalité mélancolique de dom (cf marche funèbre de la 3e symphonie de Beethoven).

    On assiste à une montée progressive des couleurs instrumentales qui s'accumulent tels des chemins rocailleux, ainsi qu'à un crescendo par paliers successifs, en passant par la lumière des cuivres et par les sons verts des hautbois (Cf Baudelaire, Correspondances).

    Un tremolo dramatique aux cordes n'est pas sans rappeler les tremolos des orages (L'été de Vivaldi, la 6e symphonie de Beethoven...). Il s'accompagne d'une volume sonore extrême FFF. Le changement dramatique a lieu. Le bonheur doux et mélancolique du promeneur contemplatif se traduit par le thème précédemment joué par l'orchestre à l'alto solo, accompagné des notes frémissantes et délicates de la harpe. C'est comme une trouée lumineuse avec la tonalité fraîche de SOL Majeur.

    Au Chapitre 45 de ses Mémoires, Berlioz écrit à propos de cette oeuvre symphonique :

    "Je voulais faire de l'alto, en le plaçant au milieu des poétiques souvenirs que m'avaient laissées mes pérégrinations dans les Abruzzes, une sorte de rêveur mélancolique dans le genre du Child Harold de Byron."

    L'orchestre est au service de l'expression des émotions et textures du paysage italien ressenti par Berlioz tandis que l'alto peut apparaître enveloppé et mis en valeur mais à une échelle bien moindre, comme cette évolution du tableau de paysage, 4e dans le classement académique des genres picturaux au XVIIIe siècle, mais qui va peu à peu gagner du terrain en favorisant l'expression de grandeur et de beauté des éléments naturels contre le rapetissement graduel des personnages humains ou mythologiques représentés.