• le Sacre du Printemps

    Une oeuvre d'art totale (musique, danse, décors et costumes) basée sur un sacrifice rituel et qui bouleverse le monde artistique occidental : Le Sacre du Printemps d'Igor Stravinsky

    Nicolas Roerich, peintre archéologue consulté par Stravinsky

    Les vieux mythes de la Russie païenne 

    Argument imaginé par Stravinsky :

    "Les vieux sages, assis en cercle et observant la danse à la mort d'une jeune fille, qu'ils sacrifient pour leur rendre propice le dieu du printemps."

     

    Il a imaginé "une suite de mouvements rythmiques d'une extrême simplicité, exécutés par des grands blocs humains"

     

     

    Peu de descendance du Sacre

    Oeuvre unique et originale mais une référence 

    Oeuvre musicale qui se suffit à elle-même. Stravinsky raconte, dans Chroniques de ma vie, comment la représentation purement instrumentale de l'oeuvre au Casino de Paris a connu un grand succès en avril 1914 :

    "le public n'était plus distrait par le spectacle public, mais écouta mon oeuvre avec une attention concentrée"

     

    Stravinsky lui-même ne voulait pas de scénarios mais des tableaux enchaînés comme pour une liturgie artistique 

    Cf Interview au Daily Mail 13 février 1913 :"Le couronnement du Printemps n'a pas d'intrigues...C'est une succession de cérémonies de l'ancienne Russie."

    La fonction du rite est ici très claire et efficace. Aucun scénario ne vient obstruer le geste rythmique symbolique. Le danseur peut réellement se laisser porter par les puissances vibratoires des sons massifs de l'orchestre et passer dans un état autre, voire sacré. 

     Martha Graham qui a été l'Elue pour Leonide Massine en 1930, livre en 1984 sa propre vision du Sacre comme un rituel chamanique. Peut-être se rapproche-t'elle davantage de la volonté du compositeur qui d'ailleurs n'appréciait pas le manque de musicalité de Ninjinski. Selon Stravinsky, la chorégraphie "alourdissait et obscurcissait" la partition en alignant des pas compliqués.

    Il a imaginé "une suite de mouvements rythmiques d'une extrême simplicité, exécutés par des grands blocs humains"

    Plus forte et primitive encore pourrait sonner la version de Pina Bausch. 

    1975 : Pina Bausch (fondatrice du Tantztheater de Wuppertal) Sacre à la marche haletante d'une société sauvage et primitive. Des groupes apparemment désorganisés se lancent dans des figures proches de la transe. La "peur ancestrale", l'angoisse "sans histoire" imprègne la scène. Lutte pour la survie où s'affrontent jeunes hommes et jeunes femmes. 

     

    Danse sacrale

     

     

    Extraits/ Rondes printanières

    Seul décor : la terre comme pour une arène, espace clos du combat proche de la bestialité primaire.

    Une composition abstraite

    La composition de Stravinsky paraît abstraite aux oreilles des contemporains amateurs d'opérettes et habitués aux mélodies accompagnées avec des paroles bien compréhensibles.

    L'oeuvre symphonique est par essence plus abstraite dès lors que la voix n'apparaît pas.

    Les ballets de Tchaikovsky ont ceci de plus concret pour l'oreille qu'on peut chantonner et siffler un air en partant et apprécier confortablement les accompagnements ploum ploum sur des rythmes de valse etc.

    Avec Stravinsky, le recours à l'argument du primitif implique une construction musicale avec des blocs sonores, des accents rythmiques inconnus et asymétriques

     

    Domaine musicale le plus novateur : le traitement rythmique

    Sauvagerie, liberté, agressivité du geste rythmique 

     

     

     

    Le parallèle peut se faire avec les Compositions contemporaines de Kandinsky et de ses acolytes plasticiens : Composition VI, 1913, Huile sur toile, 194X294cm, Coll.Musée de l'Ermitage, Saint Petersbourg (exposée au Centre Pompidou lors de la première exposition française sur la question de la spiritualité : Traces du sacré (2008)

    La Question vitale du rituel musical

     

    La Musique et la transe, Gilbert Rouget, 1980