• I was looking at the ceiling ...

     

     

    I was looking at the ceiling and then I saw the sky (production Rome 2015)

    John Adams, June Jordan, Peter Sellars

     

    John Adams (1947 né dans l'est en Nouvelle Angleterre-)

    I was looking at the ceiling ...

     Père clarinettiste

    fanfares locales

    diplômé de Harvard : clarinette, direction d'orchestre et composition

    1971 : Ouest : Californie

    Enseigne au conservatoire de San Francisco, conseiller musical en 1978 puis compositeur en résidence

     

    Débuts minimalistes

    Phrygian Gates (1977)

    Certains principes du minimalisme sont visibles : 

    une pulsation régulière, une structure bâtie sur des motifs répétés qui évoluent lentement, un langage harmonique fondamentalement tonal

     

    Mais John Adams ne compose pas que de la musique minimaliste. Il est sensible aux influences qui nourrissent la culture américaine : jazz, rock, musiques traditionnelles...le tout intégré dans une harmonie post romantique

     

    Une musique orchestrale variée

    My father new Charles Ives (compositeur qui selon John Adams mêle sublime, vulgaire et sentimental avec succès)

    Short ride in a fast machine (1986)

    Fanfare pour orchestre...

     

    Les oeuvres opératiques 

    Nixon in Chinon (1987)

    Nixon, premier président des USA après la 2nde guerre mondiale à faire un pas vers un pays communiste

     Grand succès

     

    The death of Klinghofer (1991) même trio gagnant :

    Adams/Sellars/Alice Goodman

    polémique à propos du sujet :Écrire un opéra sur Leon Klinghoffer, le juif américain de 69 ans, cloué dans son fauteuil roulant et assassiné par des terroristes palestiniens à bord du navire Achille Lauro en 1985, était osé. L'auteur américain John Adams l'a appris à ses dépens.

    The death of Klinghofer

     

    Multiples facettes du compositeur : beaucoup d'oeuvres diverses à son actif et une carrière de chef d'orchestre avec un livre également en 2088 : Hallelujah Junction

     

    Genèse de l'oeuvre :

    Un songplay sur l'amour et le métissage

    Fascination de Los Angeles 

    L'actualité au centre : le tremblement de terre (cf Ardèche novembre 2019 ?)

     

    Scénographie : ambiance queer/pop adaptée !

    de Peter Sellars à Eugen Jeneleanu 

    I was looking at the ceiling ...

    I was looking at the ceiling ...

     

    I was looking at the ceiling ...

    Maquette de Looking/Sky novembre 2019

     

    L'univers de David Lachapelle 

    I was looking at the ceiling ...

    I was looking at the ceiling ...

    I was looking at the ceiling ...

     

    L'univers de Pierre et Gilles

    I was looking at the ceiling ...

     

    I was looking at the ceiling ...

     

     

     

     

     

    Comédie musicale/rock

    Présentation des personnages en mode série américaine,  8 portraits brossés en courtes scènes

    cf Short Cuts, Robert Altman, 1994

    Un esprit "zapping" avant l'heure...?

    Succession de chansons dont le thème commun est approximativement l'amour

    Audace du traitement de ses thèmes par la poétesse June Jordan

    Pas de dialogues parlés

  • Approche de la musique minimaliste

    Pour appréhender de manière ludique l'univers répétitif de la musique minimaliste et rentrer par la même occasion par la porte d'ouverture de cet opéra pop, on peut facilement construire un objet sonore avec les moyens du bord trouvés en classe, instruments, voix ou mêmes objets du quotidien. 

     

    Ecoute du début de l'opéra avec des gestes répétitifs appropriéspour observer la construction musicale à partir de motifs minimalistes qui se répètent et évoluent en même temps.

    le courant minimaliste est caractérisé sur ce début de partition par l'utilisation d'une pulsation régulière et la répétition de courts motifs évoluant lentement.

    Une musique répétitive en introduction ...

     

    Le mouvement minimaliste en musique est né aux USA dans les années 1960 en réaction à la musique savante contemporaine trop cérébrale.

    Le minimalisme (ou art minimal) est un courant de l'art contemporain, apparu au début des années 1960 aux États-Unis, en réaction au lyrisme pictural de l'expressionnisme abstrait et en opposition à la tendance figurative et ironique du pop art. Le minimalisme est l'héritier du modernisme, et plus particulièrement du Bauhaus. Il fait sienne la maxime d'un des grands représentants du Bauhaus, Ludwig Mies van der Rohe : « less is more ».

    Parmi les grands représentants du minimalisme, on trouve les sculpteurs Robert MorrisCarl Andre et Donald Judd, les peintres Frank Stella et Sol Le Witt, les musiciens La Monte YoungTerry RileyPhilip Glass et Steve Reich. Ces artistes ont en commun de privilégier le dépouillement formel, le réductionnisme et la neutralité.

    La définition de la notion d’« art minimal » a été donnée à la fin de l'année 1965 par le philosophe analytique anglais Richard Wollheim dans Arts Magazine au sujet d'une exposition à la Green Gallery de New York.

    Terry Riley, in C (1964) 

    le premier exemple officiel de musique minimaliste

     

     

    Une musique répétitive en introduction ...

     Robert Ryman dans la Collection Lambert à Avignon en 2019, suite à son décès en février de la même année

     Vue d’exposition © Adagp, Paris, 2019 / photo Victor Picon

    Une musique répétitive en introduction ...

    ...Les lycéens face aux oeuvres de Robert Ryman (artiste plasticien et saxophoniste de jazz)

    Avignon, octobre 2019

    ...Selon Kandinsky dans son livre "du Spirituel dans l'art..." (1911)

    "Le blanc sonne comme un silence, un rien avant tout commencement."

     


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    Sept portraits pour un opéra en forme de concept-album. Par ordre d'apparition sur scène

     

     


    Argument

    Les 7 personnages de Ceiling/Sky

     

     

    Consuelo's dream

     

    Consuelo, Soprano

    Jeune immigrante  de 18 ans, sans papiers du Salvador, mère de deux enfants

    (Les créateurs de l'opéra ont dû parlementer et s'entendre pour définir son caractère et l'évolution de son personnage). Consuelo est la « novia » latina de Dewain le jeune noir. Elle supporte deux crises simultanées : son fils de 4 ans est kidnappé par les services de l'Immigration et elle est en proie à l'incertitude car elle craint d'être arrêtée et expulsée si elle tente de le sauver. Elle a le statut malgré elle d'une « criminelle » hors la loi et Dewain est dans l'incapacité de l'aider car lui-même a été arrêté par Mike le policier.

     

    La musique met en avant sa douceur et sa sensualité ainsi que sa mélancolie avec des lignes mélodiques souples, une voix chaleureuse et claire et des accompagnements instrumentaux enrobant ; arpèges à la guitare acoustique et sons de cordes au clavier dans son premier solo « Donde estas ? ».

     

    Argument

     

    Les 7 personnages de Ceiling/Sky

    Dewain, Baryton      

     

     

    Ex-chef de gang noir, Dewain essaie de faire avancer sa vie. On le découvre tout heureux et énergique à sa sortie de prison : « Solo in sunlight ».      

     

     

     

    Mais il est poursuivi par Mike, un jeune policier débutant. Après une altercation et un rap de deux bouteilles de bière, Mike passe les menottes à Dewain et s'énerve d'autant plus qu'il se sent attiré physiquement par l'ex-chef de gang.

     

    Argument

    Les 7 personnages de Ceiling/Sky

    Rick,Ténor

      

    Avocat de l'aide juridique d’origine vietnamienne Il s'éprend de Tiffany.

     

     

    Your honor....

     

    Les 7 personnages de Ceiling/Sky

    Les 7 personnages de Ceiling/Sky

    Leila, Mezzo-soprano

    Etudiante d'origine noire africaine et conseillère dans un centre de planning familial. Autant le jugement de Leila est perspicace et clinique sur l'hygiène des couples, autant pour elle-même elle est vulnérable et prudente en matière de coeur. Elle est attirée par David mais ne veut pas être juste un numéro parmi ses conquêtes féminines. 

     

    Les 7 personnages de Ceiling/Sky

    Les 7 personnages de Ceiling/Sky

     

    David, Baryton

    Pasteur d’une église baptiste de quartier. David est un prêcheur noir charismatique (modèle en partie de Adam Clayton Powell Jr., premier afro-américain à devenir un membre influent du Congrès en 1945) qui a du mal à garder ses yeux et ses mains loin de ses jeunes paroissiennes. Il trouve son adversaire et sa partenaire potentielle dans Leila, une étudiante noire attractive. 

     

    Les 7 personnages de Ceiling/Sky

    Les 7 personnages de Ceiling/Sky

     

    Tiffany, Mezzo-soprano

    Journaliste blanche de télévision pour les faits divers à sensation. Tiffany vit un amour non partagé pour le séduisant Mike. Inconsciente de l'homosexualité latente du policier, elle frissonne à l'idée de monter dans sa voiture de police. Partagée entre son attirance et l'incapacité du policier pour répondre à ses avances, elle se chante pour elle-même : « How far can I go in a car (driven by a cop) ? ». Après le tremblement de terre et l'acceptation par Mike de son homosexualité elle partira finalement avec Rick.

     

    Les 7 personnages de Ceiling/Sky

    Les 7 personnages de Ceiling/Sky

     

    Mike, Baryton

    Policier blanc qui refoule son homosexualité et l'acceptera seulement après le choc du tremblement de terre. Il s'acharne sur le personnage de Dewain pour l'arrêter et le brimer car il est fasciné par lui en réalité.


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  • Argument

    Dans un quartier pauvre de Los Angeles, la vie de sept jeunes personnages s’enchevêtrent lorsque Dewain, un ancien chef de gang, est arrêté par un policier (Mike) pour vol à l’étalage de deux bouteilles de bière. Il se dépêchait de rentrer chez lui pour voir sa petite amie Consuelo, une réfugiée politique sans papiers d'El Salvador qui est la mère de son bébé. Dewain risque une lourde peine s'il est reconnu coupable de ce crime mineur, sa troisième infraction.

    L'arrestation de Dewain par Mike est enregistrée sur bande vidéo pour une émission de télévision locale animée par Tiffany, une présentatrice. Tiffany est attirée par Mike, mais son intérêt n’est pas réciproque.

    Pendant ce temps, David, prédicateur local charismatique, fait la connaissance de Leila, une activiste communautaire. Rick, le défenseur public assigné à l'affaire Dewain, fait un plaidoyer passionné pour libérer Dewain.

    Acte II

    Un tremblement de terre frappe la ville, et la crise provoque beaucoup d'introspection. David réalise qu'il est vraiment amoureux de Leila. Mike reconnaît qu'il est gay; Tiffany tourne son attention vers Rick, ébloui par elle au procès. Consuelo tente de convaincre Dewain de s'enfuir avec elle au Salvador, mais il décide de rester.

     

     


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  • « Je regardais le plafond et puis j'ai vu le ciel », a déclaré un survivant du séisme de Northridge en 1994, une catastrophe qui a dévasté une grande partie de la région nord de Los Angeles. La librettiste June Jordan a trouvé cette phrase dans le Los Angeles Times et me l'a proposée comme titre de ce que je voulais être une émission à la Broadway. Après avoir composé deux grands opéras, "Nixon in China" et "The Death of Klinghoffer", je m'étais rendu compte que la seule forme véritablement indigène de musique américaine était ce que nous appelons, à défaut d'un terme plus précis, «comédie musical». Ma première apparition sur scène comme enfant était dans une production d'une petite ville de "South Pacific" de Rogers et Hammerstein, Avec ma mère jouant le rôle de Bloody Mary.

    Dans ma jeunesse, j'ai connu tous les célèbres spectacles américains plus ou moins par cœur, et la découverte ultérieure de « West Side Story » m'a convaincue que cette forme théâtrale particulière pouvait atteindre le niveau de l'art véritable. « Porgy and Bess » de Gershwin, une autre icône américaine, servait également de modèle, même si, en tant qu’entité théâtrale, elle avait de sérieux problèmes de forme.

    Ceiling/Sky est essentiellement une histoire d'amour polyphonique à la manière d'une comédie de Shakespeare. Les personnages, tous des jeunes citadins d'une vingtaine d'années, jouent leurs drames personnels sur fond de thèmes sociaux et politiques spécifiques qui importaient non seulement pour moi, mais aussi pour June Jordan (le dernier poète et essayiste réputé sur l'Afrique et la Culture américaine) et au metteur en scène Peter Sellars.

    Ils incluent les conflits raciaux, les relations avec la police et les autorités en général, la persécution des immigrés (un problème si important en Californie du Sud) et l'identité sexuelle.

    Le tremblement de terre de Northridge, un événement catastrophique naturel qui se produit au début de l'acte II, agit comme une sorte de Deus ex Machina qui impose des transformations intérieures dans la vie des différents personnages. C'est pour cette raison que June Jordan nous a donné la description fantaisiste de la pièce: la musique se compose de 20 chansons en mode pop, mais avec des torsions rythmiques et harmoniques particulières à la façon "Adams".

    Pour la production originale, Peter Sellars a mis le groupe amplifié en huit parties sur la scène et a demandé aux chanteurs de jouer leurs rôles en tenant des microphones à la Mick Jagger ou Aretha Franklin.

    Après la course de la création à Berkeley, le deuxième acte a été substantiellement modifié, plusieurs chansons ajoutées, le groupe instrumental a été transféré dans la fosse et les chanteurs ont reçu des microphones corporels. La production originale de 1995 a donné plus de cinquante représentations à Berkeley, Montréal, New York, Édimbourg, Helsinki, Paris et Hambourg.

     

    Paroles de John Adams à partir de son livre Hallelujah Junctions, 2008 Traduction libre (Extraits du Chapittre 11)

     

    Ce qui ressort de Ceiling/Sky c'est une histoire d'amour multicolore, une romance de tremblement de terre qui se situe dans la "bouillabaisse" de l'urbaine Los Angeles. Le livret s'appuie sur des thèmes d'actualité tels que le racisme, l'immigration, l'homophobie et le harcèlement sexuel. L'humour et l'expression naturelle de June sont relevés grâce à son sens du rythme de la langue et à sa connaissance du parlé vernaculaire.

    Les personnages sont jeunes, sont sensuels, impulsifs, plein de doute sur eux-mêmes et d'insécurité, bouleversés et malmenés par l'autorité adulte et les insultes quotidiennes de la police, du gouvernement, des médias et même par les autres.

    Mais c'est une histoire d'amour, pas forcément une de celle qui se termine avec un happy end, mais une de celle dont les ressentis restent avant tout positifs et optimistes.

    Cela a dû être un vrai baume pour June de composer ce poème plein d'énergie et de jeunesse alors qu'elle souffrait d'un cancer.

    Ceiling/Sky a permis d'exprimer ses pensées comme elle l'avait fait dans ses précédents essais (pour revendiquer les genres, les races, lutter contre la discrimination et la violence..), mais de manière moins frontale grâce à la forme poétique du livret.

    Le tremblement de terre va bouleverser chacune des vies aperçues en contrepoint dans l'Acte I. Les murs de la prison de Dewain s'écroulent et il peut retrouver la liberté. David réussit à donner rendez-vous à Leila dans son église. Un pilier la blesse lors du tremblement de terre. Pris de remords et sous le choc, David comprend enfin combien une réelle histoire d'amour est précieuse.

    Les critiques les plus conservatrices voient le spectacle comme un affront à la décence morale et l'apologie romantique des délits criminels.

    J'ai composé 20 chansons sur les poèmes de June. Je me suis rapidement rendu compte qu'une bonne chanson pop a besoin d'être au sommet de sa tension dès le début !  Dès les premières secondes, il faut être rentré dans l'action musicale. C'est un véritable défi pour un compositeur qui a trouvé sa voie dans la musique minimaliste, construite sur des durées particulièrement longues. Certaines pièces heureusement m'avaient préparé à ce challenge : Short ride in a Fast Machine en 1985 et qui dure 4 minutes, ainsi que des jingle commerciaux pour la télévision. Travailler sur des chansons uniques était passionnant mais également épuisant. J'y ai consacré mon énergie une année entière. Si l'imagination et la prose de June m'ont inspiré, la mise en musique des vers m'a semblé particulièrement âpre au niveau rythmique et structurel. Certaines chansons ont été conçues en peu de jours, voire quelques heures. Avec d'autres, j'ai dû batailler davantage. 

    (…) Plus que le livret, c'est la musique qui donne le ton psychologique au final. La réussite du spectacle est donc entre les mains du compositeur qui a souvent tendance à couper dans le texte pour servir la phrase musicale.

    La prose de Junes Jordan est particulièrement basée sur la sensibilité et la spontanéité, ce qu'il faut retrouver dans la musique.

     


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