• Gérard de Nerval (1808-1855), Isis extrait de "les filles du feu" 1854

    Le temple d’Isis à NaplesGérard de Nerval

    Pompéi - De la maison de Salluste

    Avant l'établissement du chemin de fer de Naples à Résina, une course à Pompéi était tout un voyage. Il fallait une journée pour visiter successivement Herculanum, le Vésuve, et Pompéi, situé à deux milles plus loin; souvent même on restait sur les lieux jusqu'au lendemain, afin de parcourir Pompéi pendant la nuit, à la clarté de la lune, et de se faire ainsi une illusion complète. Chacun pouvait supposer en effet que, remontant le cours des siècles, il se voyait tout à coup admis à parcourir les rues et les places de la ville endormie ; la lune paisible convenait mieux peut-être que l'éclat du soleil à ces ruines, qui n'excitent tout d'abord ni l'admiration ni la surprise, et où l'antiquité se montre pour ainsi dire dans un déshabillé modeste.
    Un des Ambassadeurs résidant à Naples, donna, il y a quelques années une fête assez ingénieuse. ─ Muni de toutes les autorisations nécessaires, il fit costumer à l’antique un grand nombre de personnes ; les invités se conformèrent à cette disposition et, pendant un jour et une nuit, l’on essaya diverses représentations des usages de l’antique colonie romaine. On comprend que la science avait dirigé la plupart des détails de la fête ; des chars parcourraient les rues, des marchands peuplaient les boutiques ; des collations réunissaient, à certaines heures, dans les principales maisons, les diverses compagnies des invités. Là, c’était l’édile Pansa, là Salluste, là Julia Félix, l’opulente fille de Scaurus qui recevaient les convives et les admettaient à leurs foyers.─ La maison des Vestales avait ses habitantes voilées ; celle des Danseuses ne mentait pas aux promesses de ses gracieux attributs. Les deux théâtres offrirent des représentations comiques et tragiques et, sous les colonnades du Forum des citoyens oisifs échangeaient les nouvelles du jour, tandis que, dans la basilique ouverte sur la place, on entendait  retentir l’aigre voix des avocats ou les imprécations des plaideurs. ─ Des toiles et des tentures complétaient dans tous les lieux où de tels spectacles étaient offerts, l’effet de décoration que le manque de toitures aurait pu contrarier ; mais on sait qu’à part ce détail, la conservation des édifices est assez complète pour qu’on ait pu prendre grand plaisir à cette tentative palingénésique. ─ Un des spectacles les plus curieux fut la cérémonie qui s’exécuta au coucher du soleil dans cet admirable petit temple d’Isis, qui, par sa parfaite conservation, est peut-être la plus intéressante de ces ruines.
     
    Gérard de Nerval (1808-1855), Les filles du feu, « Isis », 1854
    > texte intégral dans Gallica : Paris, Michel Lévy frères, 1856

    Gérard de Nerval (1808-1855), Isis extrait de "les filles du feu" 1854

    Temple d'Isis à Pompei 

     

    "Le Temple d'Isis est un temple dédié à Isis situé à Pompéi.

    Le culte des dieux égyptiens et orientaux est de plus en plus à la mode dans l'empire romain. C'est pour cette raison qu'on trouve un temple dédié à la déesse Isis. L'entrée est située dans la rue du temple d'Isis. Le temple jouxte le théâtre et d'ailleurs un de ses murs a pris la forme arrondie du théâtre. On y célébrait le culte d'Isis. Ce temple se voulait discret ; plusieurs entrées sont d'ailleurs dissimulées, par exemple une se trouvait dans les murs du théâtre. Le temple avait des rites journaliers comme celui des lustrations : un étroit escalier souterrain menait à l'eau lustrale, c'était une eau sacrée du Nil. Comme chaque temple, le temple d'Isis avait des jours spécialement dédiés à la déesse où les rites étaient beaucoup plus longs et fréquents.

    Ce temple a été détruit en 62 après J.-C. puis reconstruit au nom de Numerius Popidius fils de Numerius, une inscription retrouvée sur la porte d'entrée atteste de cette reconstruction :

    « N(umerius) Popidius N(umeri) f(ilius) Celsinus aedem Isidis terrae motu conlapsam a fundamento p(ecunia) s(ua) restituit ; hunc decuriones obliberalitatem, cum esset annorum sexs, ordine suo gratis adlegeretur »

    « Numerius Popidius Celsinus, fils de Numerius, a entièrement reconstruit, à ses frais, le temple d'Isis qui s'était effondré à la suite du tremblement de terre ; du fait de ses libéralités, il a été accueilli gratuitement dans l'ordre des décurions, alors qu'il avait à peine six ans »

     


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