• 5.Pierre Henry, en quête du son sacré...

    Pierre Henry

    en quête du son sacré

    (1927-2017)

    5.Pierre Henry, en quête du son sacré...

    5.Pierre Henry, en quête du son sacré...

     

    Séance de fin novembre 2020 :

    L'art et le sacré/ Mme Letessier
     
    extrait du cahier de texte : Continuez d'enrichir votre portfolio (http://polysephony.eklablog.com/portfolio-2021-c32903510),
    Pistes sonores proposées autour d'un compositeur : Il s'agit de Pierre Henry.
    Article du blog Polysephony 
    http://polysephony.eklablog.com/5-pierre-henry-en-quete-du-son-sacre-a204268804
     
    Pour les élèves qui ont déjà une idée d'oeuvre sonore ou audiovisuelle à poser dans leur portfolio, merci d'en faire une analyse problématisée.
    Pensez à référencer vos sources
     
    Ces différentes analyses (et références des sources) seront posées sur le padlet des Terminales dont je rappelle le lien : 
     

     

    Autre piste d'étude architecturale et musicale pour la sacralisation de l'art : le Théâtre de Bayreuth et la recherche de l'Art de total (à travers la Tétralogie de Wagner ou Parsifal)

     

     La question du sacré et de la mort est très présente dans les oeuvres du compositeur Pierre Henry, l'éternel "grand bidouilleur" des sons, le pape de la musique électro-acoustique (mélange et transformation des sons enregistrés). 

    Elève de Messiaen et de Nadia Boulanger, issu des classes de composition classique du conservatoire, il va puiser ses références dans la culture occidentale mais également dans les cultures extra européennes.

    Dans ses deux principaux studios -APSOME rue Cardinet à Paris puis SON/RÉ dans le 12ème arrondissement- le compositeur élabore ses oeuvres. Tel un artiste plasticien néo-réaliste (exemple les Tableaux-Pièges de Daniel Spoerri), il est entouré de tout son matériel exposé aux murs et dans tout son studio comme autant d'oeuvres concrètes. Il rassemble les éléments matériels utilisés dans ses compositions, les colle sur une surface plane qu'il accroche à la verticale ensuite, et ne craint pas de modifier ses oeuvres. C'est le même procédé qu'il utilise dans ses compositions musicales, toujours en devenir. 

     

    5.Pierre Henry, en quête du son sacré...

    Exemple de Tableau-piège de Daniel Spoerri, 1964

    Eaten by Marcel Duchamp

    Collage sur panneau, 54X64X24

     

    L'oeuvre la plus populaire de Pierre Henry et la plus emblématique allie mouvements de la danse, sons futuristes et référence à une nouvelle forme de spiritualité :

    Le morceau Psyché Rock extrait de la Messe du temps présent fait référence à cette organisation liturgique et musicale chrétienne qu'est la messe

    Pierre Henry, le "papy" de la musique électronique

    Psyché Rock, Pierre Henry, 1967

    1er "tube" composé avec des sons électroniques

     

    3 plans sonores :

    1er plan sonore : Instruments acoustiques

    Trombones

    Cloches tubulaires

    Flûtes traversières

     

    2è plan sonore : Instruments amplifiés

    Groupe de rock : Batterie, guitare basse (qui joue l'OSTINATO MI LA SI LA, guitare électrique avec effets de distorsion)

     

    3è plan sonore : les bruitages (effet futuriste)

    3'33 Psyché Rock, Pierre Henry, 1967. CNDC Angers, 2016

    http://www.musicaschilick.fr/pages/contenu-des-sequences/3eme/hey-rock-you.html

    Messe pour le temps présent Avignon 1967

    Maurice Béjart a participé avec ses multiples créations chorégraphiques à la sacralisation de l'art de la danse.

    Cette passion dévouée pour son art le rapproche d'artistes comme Pierre Henry.

    « Ayant fait de la danse ma raison de vivre, écrit-il dans ses Mémoires. Je l'ai prise au sérieux. J'ai tout de suite été frappé par un divorce : celui qui existe entre le travail exigé par les professeurs et fourni par leurs élèves (jusqu'à la dévotion) dans les studios de danse, pendant les classes, et le n'importe-quoi sclérosé qui régnait dans les spectacles de danse. On avait fait de la danse un art mineur, un art décoratif, un divertissement. (...)

    J'ai pris la danse au sérieux parce que je crois que la danse est un phénomène d'origine religieuse. Et ensuite un phénomène social. Tant que la danse sera considérée comme un rite, rite à la fois sacré et humain, elle remplira sa fonction. »

    Pour ce faire, le chorégraphe fait feu de tout bois : la beauté apprise pendant son laborieux apprentissage de la danse classique, la modernité, entretenue dans la proximité de compositeurs amis tels Stockhausen, Boulez, Pierre Henry, Nino Rota, Manos Hadjidakis. Le tout relevé par un zeste de provocation indispensable pour capter le public.

     cf Lettres à un jeune danseur, Maurice Béjart, Actes Sud, 2001

    Les conseils de Béjart à un jeune homme choisissant la voie de la danse pour trouver l'universalité et l'unicité de Dieu.

     

     

    Psyché Rock

     

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Messe_pour_le_temps_pr%C3%A9sent

    http://syntone.fr/a-la-recherche-du-temps-present/

    https://www.beauxarts.com/videos/pierre-henry-disparition-dun-alchimiste-du-son/

     

    Louie, Louie, Richard Berry (1956)

     

     

     

    (Parenthèse : Pour des questions sur la danse, le rituel et le sacré, une oeuvre musicale majeure s'impose;

    le Sacre du Printemps de Stravinsky

    Il s'agit, comme avec l'Echelle de Jacob de Schonberg ou Wozzeck de Berg, d'une musique et oeuvre d'avant garde par son écriture musicale dissonante, par ses mouvements chorégraphiques saccadés qui cassent le geste aristocratique du ballet classique, les décors et costumes symboliques et la conception globale qui transforme le ballet en rituel sacré malgré l'espace profane et le sujet païen du sacrifice d'une jeune fille.

    C'est l'impulsion moderne donnée par la présence des Ballets Russes à Paris avant la première guerre mondiale, quand de nouveaux mouvements d'avant garde se mettent à éclore (art abstrait, cubisme, fauvisme, dodécaphonisme...))

    voir quelques pistes sur ce blog :  http://polysephony.eklablog.com/le-sacre-du-printemps-c30606484

     

    Sensible au questionnement sur la mort, Pierre Henry va mettre en sons des textes sacrés occidentaux comme l'Apocalypse de Jean extrait de la Bible, mais également aller chercher des textes spirituels dans d'autres cultures comme le livre des morts tibétain ou le livre des morts égyptiens...

     

    Les oeuvres avec références à la culture sacrée occidentale 

    http://pierre-henry.org/

    Pierre Henry a mieux que personne exploré et inventé le son du futur. Visionnaire, il écrivait dès 1947 :

    «  POUR PENSER A UNE NOUVELLE MUSIQUE »

    « Il faut détruire la musique. Elle ne correspond plus à rien pour nous dans la mesure où elle doit être HARMONIE DES SPHÈRES. Dans la mesure où le sacré s’est transporté de l’Absolu jusque dans la vie elle-même, la musique doit se transporter de la sphère de l’art (musicalement parlant) dans le domaine de l’angoisse sacrée.
    Si les conventions musicales, l’harmonie, la composition, les règles, les nombres, le côté mathématique et les formes avaient un sens par rapport à un Absolu, aujourd’hui la musique ne peut en avoir que par rapport aux cris, au rire, au sexe, à la mort. Tout ce qui nous met en communication avec le cosmique, c’est-à-dire avec la matière vivante des mondes en feu. Il faut prendre immédiatement une direction qui mène à l’organique pur. A ce point de vue, la musique a été beaucoup moins loin que la poésie ou la peinture. Elle n’a pas encore osé se détruire elle-même pour vivre. Pour vivre plus fort comme le fait tout phénomène vraiment vivant. Cela ne veut pas dire : écarter toute règle, toute rigueur ou toute forme, mais pas d’autres règles que celles visant à l’efficacité. Je crois que l’appareil enregistreur est actuellement le meilleur instrument du compositeur qui veut réellement créer par l’oreille et pour l’oreille. Si nous voulons lutter contre la mécanique, il faut employer des méthodes mécaniques, ainsi la machine se retournera contre elle-même. Un son enregistré est instantanément détruit en tant que machine.
    Le Mythe du Moderne n’existe plus. Les bruits seront supprimés. Ils deviendront désincarnés, désignifiés et comme sacralisés.
    Alors ce sera peut-être la musique concrète, la musique du VIVANT et du SOLEIL.
     »

    http://brahms.ircam.fr/pierre-henry

       

    L'Apocalypse de Jean 1969

    ORATORIO électronique en 5 temps (1968) 

    http://brahms.ircam.fr/works/work/22184/

     

    Archives INA/ Samedi et compagnie, émission télévisuelle du 23 mai 1970

     

    DIEU, 1977 (reprise en 2005)

    d'après Victor Hugo 

     

    Ceremony 1969 

    Paradis perdu 1982 

    Ma grande Pâque russe 1993

    Les sept péchés capitaux 1998

    Requiem profane  2002 

     

     

    Les oeuvres avec références à la culture sacrée extra-européenne

    Le livre des morts tibétain, 1962

    Extrait du texte de présentation de l'analyse du voyage par Michel Chion

     http://michelchion.com/blog/114-la-preuve-par-l-oeuvre-n-1

    "Le Voyage", de Pierre Henry, 1962

     

    Avec cette rubrique, je commence la publication gratuite sur mon site, grâce à l'aide de Geoffroy Montel, de courts textes consacrés à des œuvres marquantes de musique concrète. Pour la première de ces publications, j'ai pris une œuvre classique d'un compositeur capital qui vient de disparaître.

    J'ai rédigé cette analyse vers 1973, pour le Séminaire de Pierre Schaeffer au Conservatoire de Paris dont je m'occupais alors, en tant que membre du Groupe de Recherches Musicales (dont j'ai démissionné trois ans plus tard). Je l'ai ensuite incorporée dans ma monographie sur Pierre Henry, publiée par les éditions Fayard en 1980, puis réactualisée en 2003.

    L'œuvre Le Voyage (d'après le Livre des Morts Tibétain) a été maintes fois publiée, soit en extraits, soit en albums séparés, soit dans le cadre de différentes anthologies ou de coffrets. On peut se le procurer ou le télécharger en ligne (par exemple, sur DeezerSpotifyApple MusicQobuz).

    Précisons que l'original de l'œuvre est une bande magnétique 2 pistes.

    M.C., 15 juillet 2017

     

    La version ballet du Voyage est créée le 29 avril 1962 à l'Opéra de Cologne, avec la chorégraphie de Béjart, les costumes de Germinal Cassado et les projections de Thierry Vincens. Lothar Hofgen danse le rôle du Voyageur, que reprendra Jorge Donn.

    Extrait de l'analyse par Michel Chion du 2è mouvement de l'oeuvre "Le Voyage", musique de Pierre Henry et chorégraphie de Maurice Béjart. Ici le danseur Jorge Donn à l'oeuvre...

    Jorge Donn, le voyage (2)

    "2) Après la mort 1 (Fluide et Mobilité d'un larsen), moment où apparaît la Claire Lumière, long mouvement qui est un ruissellement sans hâte de petites durées, de petits phénomènes scintillants ou glougloutants, est un sommet de la musique, proche de certains adagios de Schubert, et en particulier de celui du Quintette à deux violoncelles. Des oscillations de Larsen fines, aiguës et flûtées, ou au contraire graves et lentes, dans le rythme alternatif d'une respiration, forment un continuum organique sans rupture sur le fond duquel se détache un très curieux et fascinant son intermittent, un personnage sonore de type êtricule (j'appelle ainsi dans l'œuvre de Pierre Henry ces personnages sonores évoquant de petits êtres vivants agités) que nous appelons l'”Insaisissable”. C'est un petit clapotis imprévisible, toujours différent, dont on ne peut fixer les formes dans la mémoire, ni prévoir quand il reviendra. L'”Insaisissable Objet”, qui est le sujet de ce mouvement (la Claire Lumière qu'on ne peut atteindre) et qui est un des thèmes majeurs de la musique concrète : comme le furet, il court, il est passé par ici, il repassera par là, il est toujours là et toujours en fuite.

    (...)

    "Le Bardo Thodol ou Livre des Morts tibétain est un guide, un recueil d'instructions sur les rites qu'il faut suivre, les paroles qu'il faut dire au mourant et au cadavre pour lui permettre, dans cet état intermédiaire (Bardo : entre-deux) qu'il va traverser après la mort, de saisir les occasions qui vont s'offrir à lui de se libérer du cycle des réincarnations, et de reconnaître la Réalité sous l'aspect d'une “claire lumière” . “Quand l'expérience de la Réalité luit sur moi, dit le Livre, puissé-je reconnaître que toute apparition est une réflexion de ma propre conscience (...), puissé-je ne pas craindre les Divinités paisibles et irritées qui sont mes propres formes-pensées. “

    Le bouddhisme, par-delà toutes ses variantes, repose sur la croyance en un cycle de réincarnation en chaîne (Samsâra), dont il faut se libérer pour échapper à la souffrance et au désir." 

     

     

    Le livre des morts égyptiens 1988

    http://brahms.ircam.fr/works/work/9059/

    (...)Cette musique se présente essentiellement comme un rituel/décor possédant une architecture propre, avec le haut, le bas, la profondeur, les perspectives. Le deuxième postulat est l'établissement d'une durée qui s'inscrit dans la lecture mentale du Livre. Cette durée (intemporelle) est abstraction, continuité ou silence. Contrairement à l'autre Livre des Morts (tibétain) dont la musique est toujours accaparée par les apparitions de la « claire lumière », j'ai tenté ici une musique de la mort et de la vie. Musique d'un théâtre quotidien des tensions et relâchements, des éclats et brisures, pour aboutir à une sorte de piano « spatial » qui, sans répit, donne le ton de ce rituel.

    Affirmation, partie 7 dans Le livre des morts égyptiens

    VII. Affirmation 10'36

    • Couleur de tempête 0'53
    • Clarté 1'43
    • Carillon de soleil 2'23
    • Sortie au jour 5'11

     

     

     


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