• 3.L'imaginaire médiéval dans la vie musicale européenne au XIXe siècle

    3.L'imaginaire médiéval dans la vie musicale européenne au XIXe s.

     

    Avec ses dessins quotidiens, VLD entretient et développe son travail d'historien médiéviste. Il crée sa propre vision du Moyen-Age. Dans ses restaurations architecturales qui englobent architecture extérieure et intérieure, VLD peut inventer son propre univers en mêlant les techniques anciennes qu'il a pu étudiées et les matériaux modernes qu'il utilise de manière pragmatique. C'est ainsi que le Château de Pierrefonds pourra servir de décor à différentes manifestations artistiques sensées se passer au Moyen Age : une apparence de Château fort, des références à la légende arthurienne (fresque du manteau de Cheminée), des motifs floraux qui semblent sortir de livres enluminés et des objets d'ameublement plus romantiques que moyennageux. 

     

    Depuis la parution du livre de Walter Scott, Ivanoé (1819), au début du XIXe siècle, le Moyen Age et la Renaissance vont s'emparer de l'imaginaire artistique du XIXe siècle. La vie musicale n'y échappe pas non plus.

     

    a.Des musiciens vont se transformer en musicologues pour exhumer des manuscrits et proposer des pistes de lecture et d'interprétation des oeuvres de musique du passé.

     

     

     

    b.Dans le mouvement de recherche identitaire nationale propre au XIXe siècle européen, les emprunts aux images du Moyen Age viendront s'ajouter aux emprunts folkloriques, se confondant souvent musicalement.

    c.La volonté d'affirmer l'identité religieuse catholique imprègnera de nombreux musiciens français et l'étude du chant grégorien sera sérieusement remise à l'honneur en deuxième moitié de siècle. En parallèle, l'imaginaire féerique permise par les légendes médiévales apportera sa part musicale et ses décors. 

     

     

    a.L'intérêt pour les musiques très anciennes 

     

    L'intérêt pour les musiques très anciennes se développe au fur et à mesure du XIXe siècle. 

     

    En 1872 : Edmond de Coussemaker fait éditer l'oeuvre complet de Adam de la Halle dont le Jeu de Robin et Marion, pièce de théâtre entrecoupée de chansons écrites par le trouvère d'Arras, Adam de la Halle dans les années 1270. (1 des 11 pièces ramatiques du XIIIe s qui nous soient parvenues). En 1822 Le Jeu avait été publié pour la 1ere fois mais le musicologue va fournir une triple présentation des chansons en 1872 : la notation musicale originale, sa transcription moderne et le texte seul. L'oeuvre sera jouée à la suite de sa publication.

     

    Adam de la Hall, Le jeu de Robin et Marion, vers 9'47 Bergeronnette sui..., reconstitution de Edmond de Coussemaker

     

     

    On retrouve des références à cette oeuvre profane et médiévale majeure dans l'opéra de Jules Massenet : le Jongleur de Notre Dame de 1902.

    Dans cet opéra, Massenet et son librettiste Maurice Léna incluent d'autres pièces médiévales connues comme des chansons de toile ou des parodies qui se pratiquaient au Moyen Age; des paroles qu'on changeait à des textes religieux : ici, "l'Alleluia du vin" chanté par le jongleur de Notre Dame.

     

     

    Jules Massenet, Le jongleur de Notre Dame 

    livret de Maurice Léna, 1902

     

    Alleluia du vin, vers 14'30

     

     

    b.Des mythologies nationales mises en valeur par les sons et les opéras

    Wagner est le compositeur d'opéras européen qui a participé le plus amplement à la création d'une mythologie identitaire pour son pays en plein expansion, la Prusse. Avec ses oeuvres d'art total, le Moyen Age fantasmé est à l'honneur, de Tristan und Isolde à son ultime Parsifal, en passant par la tétralogie de l'Or du Rhin, équivalent du Seigneur des anneaux au début du XXe siècle. 

    Si les administrations musicales parisiennes voient d'un mauvais oeil la représentation des oeuvres germaniques pour des causes politiques, l'influence de la musique et du style wagnériens va être majeure auprès de la jeune génération de la seconde moitié du XIXes.

    Ainsi Vincent D'Indy va proposer sa propre mythologie musicale en adaptant un livret scandinave à sa région d'origine ; les Cévennes. Avec son opéra Fervaal qui dure plus de 3h, il propose un décor folklorique et "heroic fantasy" avant l'heure, avec des druides, des celtes et des invasions sarrazines, pour mettre en avant le pouvoir de l'amour, mais un amour teinté fortement de chrétienté, puisque un choeur de voix mystiques vient emporter au ciel le héros et sa belle décédée sur le thème grégorien du Pangue Lingua.

     

     

    Pangue Lingua, Choeur des Moines de l'abbaye de Ligugé

     

     

     Vincent d’Indy, Fervaal, opéra en 3 actes créé en 1897

    au Théâtre de la Monnaie de Bruxelles 

    D’Indy suit le conseil de Wagner aux jeunes compositeurs français -consistant à écrire des opéras sur des légendes nationales-

    Il transplante dans les Cévennes l’action située en Scandinavie dans le poème original Axel de Tegner (1782-1846)

     

     

    Vincent d'Indy, Fervaal, vers 3'18'28 

     

    ...Fervaal :

    Ah

    J'entends, je vois, je sais :

    Le Dieu nouveau commande...

     

    (...)

    A l'Orient la lumière a brillé

     

     

    La moralité catholique est portée par de nombreux musiciens (souvent "académiques") au XIXe siècle.

    Des Ecoles dédiées en partie à la mise en valeur des musiques sacrées du Moyen Age correspondant aux premiers temps du Christianisme du Chant grégorien. Choron en est l'initiateur en 1818, avec la volonté de rétablir le chant liturgique et religieux des origines rêvées, puis viendra l'Ecole Niedermeyer en 1853 et enfin la Schola Cantorum fondée avec la participation de Vincent d'Indy en 1894, encore en activité aujourd'hui. 

     

    Dans Fervaal, Forêts, montagnes et Chevaliers, fées au centre

     

    cf scène de description de l'équipement du chevalier. On se croirait au château de Pierrefonds avec le manteau de cheminée figurant les chevaliers de la Table Ronde.

     

    cf légende du Roi Arthur 

    Ernest CHAUSSON (livret du compositeur) 

    le Roi Arthus (1903)

     

     

    3. Spiritualité et Féerisme aux couleurs médiévales dans les opéras et musiques du XIXe siècle : créer du nouveau

    Les couleurs modales et spirituelles des sons imaginaires du Moyen Age pour s'échapper de la tradition harmonique musicale du XVIIIe siècle et se permettre de créer de nouvelles formes et couleurs sonores : 

     

    Exemple avec Debussy 

     

    Claude Debussy, Pelleas et Mélisande 

    livret symboliste de Maeterlinck /art Nouveau/ motifs floraux

    1902 

     

     

    En Conclusion ouverte

    Aller voir du côté du mouvement des NABIS (après symbolistes et pré-raphaélites) 

    peintres férus de musique et à la recherche de l'art total 

    à travers les imageries de l'intime et d'un Moyen Age fantasmé

    comme a pu le pratiquer à sa façon Viollet le Duc.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     Annexe :

    autres exemples de livret et musiques médiévalistes au XIXe s

    https://books.openedition.org/pub/33163?lang=fr

    Le Moyen Âge en échos dans l’opéra du XIXe siècle : une référence historique en deux dimensions

    p. 179-191

     

     

    Berlioz, La damnation de Faust,

    La chanson du roi de Thulé

    Texte de Berlioz d'après le Faust de Goethe traduit par Gérard de Nerval 

    1846

     

     

    Edouard Lalo, Le Roi d'Ys, livret d'Edouard Blau, 1888

     

     

     

    Isaac Albeniz, Merlin, livret de Francis Money-Coutts, 1902

    Ouverture avec un choeur de moines qui viennent des coulisses au centre du plateau 

    Harmonisation à la manière grégorienne 

    Veni redemptor

     

     

     

     


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